Collection Des Amériques, créée dans le cadre d'un partenariat entre l'IdA et les Presses universitaires de Rennes
Cet ouvrage a été financé par l'Institut des Amériques dans le cadre de son partenariat avec les PUR.
Cet ouvrage est consacré à l’étude anthropologique des représentations de l’infortune et de la prédation dans les Andes de Bolivie. Jusqu’à présent, c’est essentiellement à partir de la notion d’échange et de contrat que les rapports entre les humains et les entités surnaturelles avaient été décrits dans cette région.
L’auteure entend interroger à nouveau ce prisme de l’échange et montrer que les membres des communautés paysannes se situent dans un environnement foncièrement prédateur. Les diables de l’inframonde saisiraient en effet l’âme des humains pour leur alimentation dès qu’ils en ont l’opportunité car leur faim est insatiable. Comment les humains vont-ils essayer d’échapper à l’infortune ? L’échange permet-il de neutraliser la prédation ?
Ce livre est consacré à l’analyse des différentes modalités partagées par ces populations pour contrer la prédation (réelle ou symbolique) imputée au surnaturel mais aussi à d’autres humains.
L’auteure montre que si l’échange occupe une place fondamentale dans les Andes, il laisse la place à d’autres modes de relation et d’action. Pour éviter l’infortune, les individus trouvent des réponses dans et par leur corps grâce à la gestion physiologique et animique de leur corporéité : manger pour ne pas être mangé, ne pas penser pour ne pas être mangé par exemple. L’étude permet ainsi d’ajouter l’acte de penser aux côtés de la parole et des gestes rituels dans l’analyse des relations qui unissent les humains aux forces du monde qui les entourent. Elle permet aussi de considérer l’impact des conversions pentecôtistes et des migrations des campagnes vers les villes dans ce processus.
Suivant à rebours les trajectoires de migration, l’auteure a mené un travail de terrain comparatif entre trois communautés des Andes boliviennes : l’une située en zone péri urbaine à proximité de Cochabamba, les deux autres en zone rurale au Nord Potosi.
Laurence Charlier Zeineddine est docteure en anthropologie (École des hautes études en sciences sociales), postdoctorante au laboratoire d’Ethnologie et de sociologie comparative (CNRS-université Paris Ouest). Elle travaille actuellement sur les pratiques mémorielles en Bolivie (projet Fabriq’am de l’Agence nationale de la recherche) et sur les langages du religieux (programme Langarel du Labex Structurations des Mondes Sociaux).