Pour des raisons de sécurité, les billets sont nominatifs.
Pour assister aux deux journées du colloque, il est nécessaire de prendre deux billets séparément.
Le colloque "Systèmes de protection sociale, politiques publiques et défis sociaux de l’âge en Europe, en Amérique latine et dans les Caraïbes" est organisé par l'Institut des Amériques (IdA), la Fondation Union Européenne- Amérique latine et Caraïbes (EU- LAC), l’Agence française de développement (AFD), Expertise France et le Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. Cet événement s’inscrit dans le cadre des Semaines de l’Amérique latine et des Caraïbes (SALC 2024).
Coordination scientifique :
Blandine Destremau (CNRS), directrice de recherche, sociologue, Amérique latine et Caraïbes
Julie Tréguier (DIW Berlin), post doctorante, économiste et démographe, Europe
Pour des raisons de sécurité, les billets sont nominatifs.
Pour assister aux deux journées du colloque, il est nécessaire de prendre deux billets séparément.
La plupart des pays d’Amérique latine, des Caraïbes et d’Europe connaissent un processus accéléré de vieillissement démographique, caractérisé par l’augmentation de la proportion de personnes âgées et très âgées dans la population. D’après le rapport 2022 de la Cepal, la région d’Amérique latine et des Caraïbes a connu un processus de vieillissement plus rapide que les autres régions du monde : en 1950, les personnes âgées de 60 ans et plus représentaient 5,2 % de la population totale ; en 2022, ce pourcentage s’élève à 13,4 %, une proportion qui devrait atteindre 16,5 % en 2030. En Europe, le vieillissement de la population a été plus précoce et, d’après la Commission européenne, en 2020, déjà 20% des personnes étaient âgées de 60 ans et plus.
Le vieillissement démographique procède de dynamiques enchevêtrant la baisse de la fécondité et de la mortalité aux jeunes âges (vieillissement par le bas de la pyramide), l’extension de la longévité ou le retard de l’âge moyen de la mortalité des personnes âgées (vieillissement par le haut) et le solde migratoire. L’émigration d’adultes et de jeunes hommes et femmes a joué un rôle important dans le vieillissement de la population de certains pays d’Amérique latine et des Caraïbes alors que, en Europe occidentale, l’immigration tend à freiner le processus de vieillissement, contribuant au renouvellement des populations jeunes et adultes, et de ce fait à la natalité.
L'espérance de vie pour les deux sexes a ainsi augmenté de façon significative, passant de 48,6 ans en 1950 à 75,1 ans en 2019 en Amérique latine et Caraïbes et de 62,8 à 79,1 ans, respectivement, en Europe. Avec l’avancée en âge, la féminisation des personnes âgées s’affirme, en raison de la longévité plus grande des femmes, qui vivent néanmoins plus d’années en mauvaise santé. Malgré le recul dû à l'impact de la pandémie de COVID-19, l'espérance de vie devrait continuer à augmenter à l'avenir dans les deux régions. Si les « jeunes-vieux » s’engagent régulièrement dans des activités familiales et sociales de grande utilité, les effectifs croissants de personnes très âgées, plus susceptibles de souffrir de réduction de leur autonomie et d’affections chroniques ou dégénératives, constituent un défi important aux politiques publiques nationales et territoriales de protection sociale et aux arrangements locaux et familiaux d’accompagnement et d’inclusion sociale.
Le processus de vieillissement regroupe une multitude de situations et les moyennes régionales masquent des différences marquées entre les pays, tant en ce qui concerne la rapidité de la transition d'une société jeune à une société âgée que l'intensité du processus. La situation n’est pas non plus homogène à une échelle plus individuelle ou locale, du fait d’inégalités des gains d’espérance de vie des personnes âgées, de leur état de santé (notamment au détriment des femmes et des groupes les plus pauvres ou exposés à des risques environnementaux), de leurs conditions matérielles d’existence (habitat, alimentation, conditions d’emploi, accès à des services publics de qualité, territoire) et de l’appui que peut leur procurer leur entourage social et familial, qui contribuent à amplifier leur vulnérabilité ou à la réduire.
Pris au niveau individuel, le vieillissement s’accompagne d’un accroissement de la demande en prestations sociales, en soins de santé et en assistance, qui pose d’une part les questions de la couverture du risque de survie à des âges élevés et du niveau de protection à apporter (table-ronde 1) et de l’organisation de la prise en soins des personnes en perte d’autonomie (table-ronde 2). Pris à l’échelle de la population, le vieillissement interroge alors la soutenabilité financière des politiques publiques en faveur des personnes âgées mais également l’aménagement des territoires et le maintien de la cohésion sociale (table ronde 3).
Table ronde modérée par : Alfonso Martinez Saenz
Les invités :
- Anne-Marie GUILLEMARD, Professeur émérite des Universités en sociologie, Université Paris Cité, Chercheur au Centre d’Etude des Mouvements Sociaux, EHESS/CNRS/INSERM
- Anne LAVIGNE, Professeure des sciences économiques à l’Université d’Orléans
- Yorleny LEÓN MARCHENA, Ministre du Développement humain et de l'inclusion sociale du Costa Rica
- Anthony MARINO, Chef du bureau des Retraites à la DREES
- Jeannette SÁNCHEZ, Représentante de la Banque de développement d’Amérique latine et des Caraïbes, CAF, en Bolivie
Argumentaire :
Depuis les années 1990, les régimes de protection sociale historiquement établis dans les deux régions ont subi d’importants trains de réforme. Si l’extension de la couverture sociale et le renforcement du niveau de protection ont été des objectifs communs, il reste beaucoup à faire. En Amérique latine et dans les Caraïbes, on estime que 40 % des travailleurs et de leurs familles ne bénéficient d’aucune forme de protection sociale, en raison des caractéristiques des marchés du travail et des flux migratoires, notamment au détriment des femmes. Dans la plupart des pays d’Europe, la presque totalité des populations est couverte par une ou plusieurs formes de protection sociale, mais certains groupes demeurent peu ou mal protégés, et les écarts de niveau de protection sont conséquents. Les femmes ont par exemple une pension de retraite en moyenne inférieure de 39 % à celle des hommes. Les stratégies d’universalisation ont de plus souvent été mises en place au prix d’une réduction des niveaux de protection et d’une fragmentation des couvertures. Les produits d’assurance privée pour lesquels les souscripteurs bénéficient d’avantages fiscaux exacerbent les inégalités de niveau de protection. Par ailleurs, malgré les réformes pour solvabiliser les systèmes de protection sociale, ces régimes de protection présentent des performances institutionnelles limitées en termes de gestion, des modes de financement instables et entretiennent de fortes inégalités, en particulier en termes de genre et d’origine ethnique : les femmes âgées de classes populaires, surtout lorsqu’elles appartiennent à des minorités ethnicisées, restent les plus vulnérables.
Cette table-ronde discutera des avancées et défis qui se présentent aux politiques publiques, pour élargir les couvertures sociales destinées aux personnes âgées, qu’elles soient contributives (pensions de retraite cotisées) ou financées par les budgets publics (minima sociaux, services spécifiques et autres prestations proposées par les collectivités locales).
Table ronde modérée par : Olivier Giraud
Les invités :
- Merike Blofield, Professeure en sciences politiques à l’Université de Hambourg, spécialisée sur les questions de santé et de politiques sociales
- Alexandre Farnault, Directeur Adjoint de l’offre, Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie
- Alfredo Gonzalez Reyes,Politologue et ancien secrétaire exécutif du Conseil national de l'Agenda 2030 pour le développement durable du gouvernement mexicain.
- Karolin Killmeier, Analyste à la Direction de l'emploi, du travail et des affaires sociales de l'OCDE
Argumentaire :
Dans les pays concernés par ce colloque, l’organisation de la provision de soins (care) a émergé au cours des années récentes comme un problème public, surtout dans les pays les plus affectés par le vieillissement démographique et ceux dont les politiques sociales sont les plus avancées, qu’ils soient latinoaméricains et caribéens ou européens. Malgré la reconnaissance, plus ou moins affirmée, d’une co-responsabilité des institutions publiques pour la satisfaction des besoins de care liés au vieillissement, ces besoins demeurent largement renvoyés aux responsabilités familiales ou comblés par les dynamiques inégalitaires du marché. Les progrès des politiques publiques, les degrés de consensus politique et les modes de financement mis en œuvre révèlent ainsi de vastes disparités. Ces disparités concernent en particulier les capacités effectives des familles – et surtout des femmes – de partager les responsabilités du care avec des professionnelles et des institutions publiques. Elles touchent aussi la régulation de la marchandisation du care de longue durée par des systèmes d’assurance privée ou sociale et des dispositifs de subvention à la demande ou à l’offre, et la professionnalisation et protection sociale des pourvoyeuses de care.
Ces politiques ou programmes publics se greffent sur des systèmes de santé dont l’organisation, la qualité et l’accessibilité pour les divers groupes sociaux et économiques varient d’un pays à l’autre (services publics de santé, privatisation et marchandisation, offre accolée à des dispositifs d’assurance sociale ou privée, programmes ciblés sur des catégories sociales vulnérables). Or, plus l’accès à des services de santé de qualité est difficile ou excluant, plus la charge des familles s’intensifie. Les considérations de genre et d’origines ethniques sont au cœur de la question des soins de santé (cure) et personnels (care), puisque les femmes démontrent une longévité plus étendue que les hommes, mais plus d’années en mauvaise santé ; quelles sont les principales pourvoyeuses de soins dans le cadre familial et institutionnel ; et que les femmes d’origine étrangères, ou marquées par leur origine ethnique, constituent la majeure partie des effectifs professionnels ou informels des travailleuses du care.
Cette table ronde abordera la façon dont l’offre de soins de santé (cure) et de soins personnels (care) aux personnes en perte d’autonomie est organisée socialement et économiquement, au croisement des politiques publiques, du marché, et des normes sociales, morales et de genre prévalentes au sein des familles et des sociétés.
Table ronde modérée par : Isabelle Chariglione
Les invités :
- Barbara BRINGUIER, Directrice régional Outre-mer et de l'international de l’association Les Petits Frères des Pauvres
- Sandra HUENCHUAN, Spécialiste du vieillissement à la Commission économique des Nations unies pour l'Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), siège sous-régional à Mexico
- Pierre-Olivier LEFEBVRE, Délégué Général du Réseau Francophone des Villes Amies des Aînés
- Diana Mejia, représentante du programme gouvernemental "Familias de Cariño", en République dominicaine
Argumentaire :
Le territoire local joue un rôle crucial dans la vie quotidienne des personnes âgées, qu'elles résident en milieu urbain ou rural. Si la cohabitation intergénérationnelle demeure un modèle d’organisation des ménages, elle tend à reculer et, dans l’ensemble des pays concernés par ce colloque, on observe une proportion croissante de personnes âgées qui vivent seules ou dans des ménages composés exclusivement d’aînés.
Le défi de leur inclusion sociale et de leur citoyenneté sur le plan territorial se pose ainsi de plus en plus indépendamment de la médiation de familles intergénérationnelles. Les nouvelles générations de personnes âgées se révèlent souvent plus indépendantes, plus éduquées, plus engagées que les précédentes, bien que nombre d’entre elles soient fréquemment happées par un quotidien difficile et des exigences familiales (participation aux tâches domestiques et de care).
C’est avant tout dans leur proximité, leur vicinité et leur entourage, que ces personnes satisfont leurs besoins d’approvisionnement, qu’elles trouvent des ressources relationnelles et de solidarité ou souffrent de solitude, qu’elles sont amenées à se déplacer dans des conditions de confort ou d’insécurité, qu’elles se sentent incluses et considérées ou se heurtent à des discriminations explicites ou par négligence, et qu’elles jouissent de services publics de qualité ou souffrent de leur insuffisance et leur éloignement. C’est aussi à cette échelle spatiale qu’elles parviennent à maintenir une participation citoyenne active, qu’elles s’engagent dans des collectifs, des associations, qu’elles déploient des activités intégratives et intergénérationnelles, et qu’elles bénéficient de services et ressources adéquates offertes par des organisations de la société civile et les politiques publiques nationales ou locales. De nombreuses initiatives ont vu le jour pour intégrer, socialiser, maintenir en citoyenneté les personnes âgées, nombre d’entre elles engendrées par leur mobilisation et leur engagement, qu’elles soient formalisées en dispositifs telles que les Villes amies des aînés ou des politiques locales, ou demeurent informelles dans des pratiques sociales ancrées dans des cultures locales ou des mouvements délibérés de solidarité.
Cette table-ronde soulignera les questions sociales et de citoyenneté soulevées par le vieillissement et la présence de personnes âgées sur le plan territorial, et mettra au jour des initiatives et projets émergent pour y répondre.