Share

Cette séance portera sur les gauches du continent américain aux XXe et au XXIe siècles et sur le rapport qu'elles entretiennent avec le pouvoir, ou plutôt, les pouvoirs.

Avec :

  • Thomas Posado (Université Paris-8, CRESPPA-CSU) ; Franck Gaudichaud (Université Toulouse Jean Jaurès) : « Unité, diversité et contradictions des gauches de gouvernement latino-américaines »
  • Antonio Ramos (Université Paris 8) : « Pouvoir médiatique ou pouvoir politique ? Les médias pendant les gouvernements de CFK (Argentine, 2007-2015) »
  • Charlotte Thomas-Hebert (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) :  « “L’époque est si extraordinaire que même les anarchistes font du porte-à-porte au moment des élections” : L’engagement de la gauche extra-parlementaire new-yorkaise dans l’arène électorale sous le mandat de Donald Trump » 

Cette séance portera sur les gauches du continent américain aux XXe et au XXIe siècles et sur le rapport qu'elles entretiennent avec le pouvoir, ou plutôt, les pouvoirs. Parler de « gauches » au pluriel permet de signaler leur diversité, ainsi que d'inclure dans notre champ d'études autant les partis plus « classiques » de la gauche de tradition marxiste (socialistes, communistes, trotskistes, maoïstes, guévaristes) et les populismes progressistes, que les groupes d'action directe des débuts du XXIe siècle. Quant au concept de « pouvoirs », il renvoie au projet de conquête du pouvoir d'Etat dans le but d'abolir les hiérarchies socio-économiques et politiques, qui a très largement structuré le projet des gauches américaines jusqu'aux années 1960-70 ; aux relations entre acteurs politiques de gauche et autres pouvoirs (notamment celui des médias) ; et au rapport des différentes gauches à la notion de « pouvoirs » et par là-même aussi de « contre-pouvoirs », ainsi qu'aux élections et à la démocratie représentative.

Ainsi, l'objectif de cette séance sera d'interroger –en fonction des contextes temporels et géographiques– le rapport des gauches aux différentes manifestations du pouvoir. Est-ce que le pouvoir est un élément constitutif du projet politique, culturel, social et économique des gauches ? S'agit-il de conquérir le pouvoir ou de le combattre, voire de l'abolir ? Quelle place occupe le champ culturel –notamment médiatique– dans la lutte pour (ou contre) les pouvoirs ? Combien la façon dont est posée cette question dépend de la culture politique de l'organisation étudiée, ainsi que du contexte dans lequel celle-ci agit ? La réflexion sur les pouvoirs est-elle liée à celle sur la hiérarchisation dans et en dehors des organisations politiques, ainsi qu'à la politisation de la sphère politisée de l'intime ? Enfin, y a-t-il une trame chronologique ou une séquence historique claire qui se dégagerait, un virage de l'extérieur vers l'intérieur, ou du projet de la conquête de l'Etat vers celle de l'émancipation du social vis-à-vis des pouvoirs étatiques et institutionnalisés ? Y a-t-il en ce sens des convergences ou des divergences entre les deux hémisphères du continent ?

Séance organisée par : Cassandre di Lauro (Université de Lille) ; Eugénia Palieraki (CY Cergy Paris Université) ; Thomas Posado (Université Paris 8 ; Casa de Velázquez) ; Antonio Ramos (Université Paris 8) ; Charlotte Thomas-Hebert (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne).

Seminar
Le 16 janvier 2023
De 14h30 à 17h30
With the support of IdA
Geographical area

RT Pôle Nord-Est: Les gauches dans les Amériques

2021-2023

Genèses, caractéristiques, dynamiques (des origines à nos jours)

Le pôle Nord-est de l'IdA finance des Réseaux thématiques (RT) visant à favoriser des initiatives de recherche permettant de mieux dialoguer entre disciplines et entre collègues spécialistes des différentes aires géographiques des Amériques. Structurés autour d'un thème abordé dans une perspective trans-Amériques et pluridisciplinaire, ils sont portés par au moins 2 collègues rattachés à au moins 2 établissements différents du pôle et spécialistes de l'Amérique du nord et de l'Amérique latine.

Le présent projet vise à saisir l’opportunité de l’appel à réseaux lancé par l’Institut des Amériques pour établir et renforcer des liens entre les spécialistes des gauches dans différentes régions des Amériques et de la Caraïbe.  L’objet principal en est donc bien la constitution et l’extension d’un nouveau réseau, dans lequel le contenu du projet présenté ici pourra (et devra) se préciser.

Les activités du réseau pourront concerner l’histoire et l’actualité des gauches, dans toutes leurs dimensions théoriques et pratiques, politiques, sociales, militantes, étatiques, économiques, culturelles, littéraires, artistiques, institutionnelles ou informelles. Le terme de gauche sera compris, comme point de départ de l’analyse, dans un sens large faisant référence à une orientation politique de transformation sociale et d’émancipation individuelle et collective non seulement vis-à-vis des rapports sociaux de classe, mais également de race ou de genre, ainsi que toutes les formes d’oppression et de domination ethnique, nationale, impérialiste, patriarcale, ou encore des périls environnementaux planétaires.

- approche

Il est courant de considérer que les gauches ont connu des trajectoires radicalement différentes dans les Amériques et la Caraïbe par rapport notamment à celles observées en Europe nord-occidentale : spécificités des gauches enracinées dans des régions marquées par une histoire coloniale, façonnées par des formes originales de développement du capitalisme et de l’État, nourries ou contrariées par les événements politiques propres à chaque nation ou déployés à des échelles infra- et supra-nationales, qui ont également contribué à ces différenciations continentales.

Ces différenciations existent. Mais cette approche en termes de spécificité n’évite pas toujours le travers de l’exceptionnalisme, c’est à dire d’une absolutisation des spécificités. C’est ainsi que l’on aborde fréquemment l’histoire des gauches en Amérique latine sur le mode de l’imitation de modèles européens vouée à l’échec par inadaptation aux conditions locales, et de celles des États-Unis en termes d’absence pure et simple pour cause d’exception nationale. D’autres versions de ce « nationalisme méthodologique » existent dans des travaux portant sur tel ou tel autre pays des Amériques et de la Caraïbe. D’un autre côté, la question des circulations transnationales est également épineuse : insuffisamment étudiées s’agissant des pays d’Amérique latine, elles jouissent concernant les États-Unis d’une visibilité ambiguë, non sans rapport avec le cliché d’une gauche toujours « étrangère ».

Faire la part de l’intégration à un même espace transcontinental et/ou transatlantique, et de l’autonomie des gauches, restituer les spécificités de façon plus mesurée, tout cela implique d’entreprendre un travail comparatif systématique, tout en faisant la part de différents niveaux de circulations transnationales par rapport aux dynamiques endogènes à chaque société.

Pour engager ce travail collectivement, notre réseau pourra aborder son objet depuis au moins trois points de vues complémentaires et croisés :

* celui des genèses des gauches, de leurs origines et de leurs sources, non seulement au tout début de leur existence (qui reste à dater précisément) mais aussi tout au long de leurs trajectoires. Les multiples formes de luttes contre les dominations, les multiples espaces sociaux et politiques, dans lesquels elles ont pris racine, se sont déployées, ont reflué, se sont relancées, de fondations en refondations, jusqu’à aujourd’hui.

* celui des spécificités des gauches dans les Amériques. Cette question de la spécificité de tel ou tel pays, voire de l’aire continentale en général, du point de vue de l’histoire des gauches, a déjà fait l’objet de riches débats qu’il s’agira d’aborder à nouveaux frais, de façon transversale aux deux autres points de vue.

* celui des dynamiques des gauches, qui sous-tend une approche s’intéressant à l’action politique, aux événements petits et grands, aux rapports de forces et à leurs évolutions, à l’agentivité des différentes populations qui ont fait et défait les gauches au fil de leur histoire et jusqu’à nos jours.

Toutes ces questions seront abordées par de multiples approches disciplinaires relevant des humanités (histoire, sociologie, science politique, et bien d’autres).

- perspectives pratiques

Les réflexions sur la gauche (et la notion même de gauche) étant toujours guettées par différentes formes d’eurocentrisme, un réseau thématique sur les gauches au sein de l’Institut des Amériques aurait également un rôle à jouer, à terme, dans les débats scientifiques et publics sur la gauche en France et en Europe, afin de contribuer à les renouveler à la lumière de l’histoire et de l’actualité des gauches dans les Amériques.

Car à l’heure où la recherche tend parfois à se faire en fonction d’objectifs de relatif court terme, l’objectif central de ce projet sera bien de constituer progressivement, par tous les moyens présentés plus bas (et d’autres encore sans doute), un réseau durable de collègues travaillant sur toutes ces questions, au-delà de la période visée par le financement apporté par l’Institut des Amériques.

Ce réseau est naissant, et beaucoup d’éléments sont encore à préciser dans les activités proposées ci-dessous. Cependant, il pourra s’appuyer sur l’expérience d’activités collectives déjà lancées concernant les États-Unis (séminaire « Du socialisme en Amérique », depuis 2019), des initiatives soutenues par l’Institut des Amériques ces dernières années (colloque 1968 dans les Amériques en octobre 2018, ou encore certaines séances passées du séminaire de l’IdA), et sur les travaux et réseaux respectifs des collègues ayant déjà accepté de participer à ce projet collectif.

Organisateurs