Cette exposition est organisée dans le cadre des 5èmes Journées franco-latino-américaines et de la première rencontre Art et Politique (FDA/UNLP) la première rencontre Art et Politique (FDA/UNLP) organisée par le Pôle Cône Sud de l'Institut des Amériques et l'Institut d'Histoire de l'Art Argentin et Américain (FDA).
Quelle est la pertinence des affiches militantes des années 1970 aujourd'hui ? Que nous apprennent-elles sur notre présent ? Comment cartographier les expériences internationales du militantisme et de la résistance des années 1970 ? Quels réseaux et modes d'organisation les exilé-es des dictatures latino-américaines à Paris ont mis en place en synergie avec des militant-es et des artistes locaux ? Comment le militantisme graphique dénonce-t-il l'ambiguïté du gouvernement français à l'égard des dictatures latino-américaines ?
Ces questions se posent lorsque l'on examine les reproductions d'un ensemble d'affiches produites à Paris dans les années 1970 et 1980. Les affiches proviennent des collections de la Bibliothèque Pierre Monbeig (Institut des Hautes Études de l'Amérique (IHEAL) / Centre de Recherche et de Documentation des Amériques / Grand Équipement
Documentaire du Campus Condorcet) ette exposition explore les réseaux de solidarité politique avec l'Amérique latine qui se sont tissés en France à cette époque. De la solidarité révolutionnaire à la dénonciation de la répression du terrorisme d'État des régimes dictatoriaux, en passant par la critique de l'impérialisme et et l'affirmation progressive de la question des droits humains, les affiches rendent compte des conflits en Amérique latine au cours de ces deux décennies. Elle révèle les passions politiques que cette situation a suscitées dans certains secteurs de la société française, la diversité des protagonistes mobilisés, mais aussi les évolutions techniques du graphisme politique post-1968 et de la circulation artistique internationale de la seconde moitié du XXe siècle.
Mettre ces images en circulation sur le territoire que nous habitons, c'est faire le pari qu'elles continueront à générer des significations : politiques, graphiques, artistiques, mais aussi historiques. Ils constituent une source unique, à la fois instable et partielle, pour retracer les réseaux de solidarité de l'époque, les groupes militants de Paris, les expériences individuelles des exilés, ainsi que diverses trajectoires artistiques et graphiques qui ont constitué une culture visuelle spécifique de l'époque.
La sélection exposée fait partie d'une collection de 260 affiches retrouvées dans un tiroir d'une bibliothèque de l'IHEAL. Les affiches ont été numérisées et une équipe de chercheurs composée d'Amaia Cabranes, Priscila Pilatowsky, Olivier Compagnon, a effectué un travail de catalogage, de recherche et de conservation, en sélectionnant 90 affiches.
L'étude a entremêlé les affiches avec des sources orales, des témoins de cette période et des documents imprimés (bulletins, tracts, photos des marches...) qui ont permis une meilleure compréhension du contexte de circulation entre comités, maisons de la culture, syndicats et partis politiques. L'acte de numérisation permet de reproduire une matérialité précaire, éphémère, conçue pour la rue et non pour la postérité. C'est la deuxième seconde fois que cette exposition est présentée sur le continent, après son montage au Musée de la Mémoire de Montevideo. Nous imaginons ce dispositif d'exposition comme un appel à réactions, témoignages et interprétations comme un appel à réactions, afin de continuer à enrichir cette histoire, à faire de la recherche une construction collective.
Recherche et commissariat d'exposition : Amaia Cabranes, Priscila Pilatowsky, Olivier Compagnon
Édition et muséographie : Marjolaine David, Ana Axat, Mika Auca Santa María, Berenice Gustavino