Depuis le 28 avril, la Colombie connaît une série de violentes mobilisations fortement réprimées par les forces de l’ordre. Initialement provoquées par un projet de loi de réforme fiscale, ces manifestations ont progressivement fait entendre d’autres revendications, issues de multiples secteurs de la société colombienne.
Intervenant(e)s :
Modération :
Malgré la signature d’un accord de paix historique entre le gouvernement colombien et les Forces Armées Révolutionnaires de Colombie en novembre 2016, le pays reste en proie à de nombreuses difficultés, illustrées par l’assassinat de plus de mille ex-combattants et « leaders sociaux » depuis l’année 2017, ou encore une très nette augmentation de la pauvreté dans un contexte aggravé par la crise sanitaire. Tandis que les manifestations initiées fin avril font l’objet d’une violente répression policière et militaire – à ce jour une trentaine de personnes ont trouvé la mort dans le cadre des interventions de la force publique, le président Duque a demandé aux maires des principales villes du pays d’accepter de les placer sous contrôle militaire. Or, si à ce jour seule la ville de Manizales a accédé à cette requête, la mairesse de Bogotá Claudia López a néanmoins dû faire appel à l’armée afin de protéger des commissariats de quartiers, après l’incendie de dix-neuf d’entre eux. La Colombie se trouve actuellement dans une situation de crise extrême dont l’issue reste incertaine. Alors que le gouvernement dénonce une infiltration dans les manifestations de groupes « narcoterroristes » et brandit la menace de l’état de siège, les mouvements sociaux, ONG et membres de la coopération internationale, alertent sur le recours disproportionné à la violence publique et les risques violations de droits humain. Ces événements viennent s’ajouter aux nombreux facteurs d’instabilité caractérisant la Colombie, ainsi que l’illustrent depuis le mois de mars les affrontements entre des membres des forces armées vénézuéliennes et groupes armés à la frontière colombo-vénézuélienne. Cette session « hors-série » exceptionnelle du séminaire IDA-IRSEM « Enjeux stratégiques dans les Amériques » aura pour objectif de faire le point sur les événements en cours en essayant de comprendre de quelles façons ils peuvent représenter des facteurs d’instabilité pour la sécurité régionale, mais aussi remettre en question les politiques de sécurité publique et de lutte contre la violence politique. Cette session proposera ainsi un éclairage sur la situation au travers d’un échange entre experts francophones spécialistes de la Colombie.