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Intervenant: 

  • Nick Cull (University of Southern California)

Discutants

  • Maxime Audinet (IRSEM)
  • Jean-Baptiste Jeangène Vilmer (IRSEM)

À l’automne 2020 et à un mois de l’élection présidentielle, les cellules de veille institutionnelles désignaient toujours la Russie comme l’adversaire le plus actif dans «la guerre informationnelle perpétuelle». Son «écosystème de propagande» se composerait de cinq grands piliers: la communication officielle, un système de messaging à l’échelle mondiale financé par l’État, l’utilisation de proxys (intermédiaires) et des réseaux sociaux, et la désinformation cybernétique. Les sept principaux sites proxy de désinformation russe identifiés (The Strategic Culture Foundation, Global Research, New Eastern Outlook, News Front, South Front, Geopolitica.ru et Kaheton) auraient de fortes interactions avec les réseaux sociaux, ce qui assurerait une amplification des fausses informations. Or, ces pratiques de diffusion et d’amplification de fausses informations ne sont pas l’apanage des puissances étrangères. D’autres acteurs, non étatiques, se sont invités dans la vie politique des Etats dans les Amériques pour brouiller les messages et véhiculer des fausses informations. Depuis 2016, les experts qui identifient et cartographient les manipulations de l’information ont observé notamment qu’avec le développement du réseau conspirationniste d’extrême droite QAnon, une communauté internet afférente s’est développée sur les réseauxnumériques et a investi de nombreux sujets de société en diffusant de fausses informations. Ardents défenseurs du président Trump, lesmembres de la communauté affirment que ce dernier mène une croisade contre les élites du «deepstate» (l’État profond) et contre les Démocrates, accusés d’entretenir «un réseau pédophile sataniste». La capacité de la plateforme à propager des théories du complot a conduit le FBI à la qualifier de «menace terroriste interne». Le principal risque induit par la mouvance QAnon provient de son autonomie: la «QArmy» parviendrait à générer des flux de données significatifs diffusés au-delà de la communauté. Avec son nombre de comptes, saprésence dans tous les cercles de discussion et sa capacité à mobiliser, QAnon représenterait, l’outil idéal pour une puissance étrangère désireuse de distiller des fausses informations dans le débat politique. L’internationalisation du mouvement se manifeste d’abord dans les Amériques et dans la sphère digitale, où des écosystèmes QAnon se développent au Japon, au Brésil, en Angleterre, en France et en Allemagne. En semant le doute sur les institutions de ces États, ces écosystèmes de diffusion d’infox représentent une menace pour la souveraineté des Etats et les institutions. Cette séance aura pour but à travers des études de cas de mieux cerner les phénomènes de circulation et d’amplification de ces nouvelles menaces informationnelles sur le continent américain.

Seminário
Le 20 mai 2021
De 16h30 à 18h35
Com o apoio do IdA
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