Le colloque a été organisé de façon à donner la parole non seulement aux chercheurs du domaine, mais surtout aux différents acteurs qui composent le marché du livre. Au total, plus de 30 intervenants ont participé pendant les trois jours, composant 7 tables rondes, deux conférences et un débat avec l’actuel porteur du projet de loi au Sénat, le Sénateur Jean-Paul Prates.
Il y a 40 ans, une loi sur le prix fixe du livre a mobilisé la société française pour aboutir sur la régulation des prix des livres. La victoire de la loi Lang au Parlement français (approuvée en unanimité) a réveillé le débat sur le prix fixe du livre dans le monde, ou, du moins, dans les pays où la fragilité des librairies allait de pair avec la raréfaction des lecteurs et les incertitudes du marché. Aujourd’hui, le débat touche les professionnels du livre au Brésil ainsi que le grand public des lecteurs. La conjoncture étant difficile depuis quelques années, le marché brésilien peine à se maintenir, encore plus à se développer. Or, un projet de loi « Politique nationale du livre et réglementation du prix » (PLS 49/2015), en cours de traitement au Sénat depuis 2015, met l’accent sur cette problématique. Selon l’ancienne sénatrice du Parti des travailleurs (PT) Fatima Bezerra, autrice du projet, il est nécessaire de souligner et de mettre en lumière les conditions irrégulières de production, de commerce et de distribution des livres dans un pays inégal et aux dimensions continentales.
Étant donné le contexte, les professeures Marisa Midori Deaecto (Université de Sao Paulo - ECA et référente locale de l’IdA), et Patricia Sorel (UVSQ), épaulées par la doctorante contractuelle Livia Kalil (CREDA), alors coordinatrice du pôle Brésil de l’Institut des Amériques, ont organisé le Colloque International Pour une loi de la Bibliodiversité. L’objectif de cet évènement bilingue, réalisé virtuellement entre le 13 et 15 octobre 2021 à l’Institut des Études avancées de l’Université de Sao Paulo en partenariat avec le Consulat français, était celui d’encourager le dialogue, entre la France et le Brésil, en vue de contribuer aux processus de construction des politiques publiques en faveur du livre, par la régulation du marché de l’édition. Par ailleurs, les organisatrices souhaitaient également mettre en relation les différents acteurs du secteur du livre pour que ceux-ci puissent s’impliquer dans la construction de cette politique publique aussi bien que dans l’approbation par le Congrès brésilien du PLS 49/2015.
C’est aussi pour cette raison que le colloque a été organisé de façon à donner la parole non seulement aux chercheurs du domaine, mais surtout aux différents acteurs qui composent le marché du livre. Au total, plus de 30 intervenants ont participé pendant les trois jours, composant 7 tables rondes, deux conférences et un débat avec l’actuel porteur du projet de loi au Sénat, le Sénateur Jean-Paul Prates. Le colloque a notamment compté avec une intervention enregistrée de l’ancien ministre de la Culture Jack Lang.
Les intervenants étaient très variés représentant libraires, maisons d’édition, associations représentatives du secteur, les universités ainsi que différentes entités du gouvernement. Par ailleurs, la diversité des intervenants, ainsi que des cas exposés, s’est présentée également en ce qui concerne leur nationalité. Outre les Brésiliens et Français, majoritaires, des intervenants latino-américains (Argentine, Colombie et Mexique) ont également été invités.
Patricia Sorel, Jean-Guy Boin et Nicholas Roche ont présenté suffisamment d'éléments de l'expérience française pour que nous comprenions que nos différences ne doivent pas faire obstacle aux combats que nous menons autour d'objectifs communs.
Pour enrichir encore ce scénario, Bel Meyer a démontré dans son bref exposé, lucide et poétique, que la bibliodiversité peut aller bien au-delà.... non seulement en termes géographiques, comme l'ont souligné Nanni Rios et Larissa Mundim, mais aussi en termes d'accueil des multiples manifestations de la lecture, de ses formateurs et de ses lecteurs. Et en parlant de Bibliodiversité, les différentes interventions des libraires ont exposé, une fois pour de plus, que s'il existe au moins un individu pour chaque livre qui voit le jour, il existe aussi une librairie pour chaque goût ou préférence.
Enfin, il semble que le colloque a était une bonne occasion pour partager des expériences précieuses à partir de différentes perspectives sur le sujet, d’autant plus que cette rencontre a contribué à rapprocher les différents acteurs concernés par cette problématique (chercheurs, auteurs, éditeurs, libraires, agents publics) pour que la construction d’une politique publique de protection et de promotion de la bibliodiversité soit faite de façon plus participative.
(Les enregistrements concernant les trois jours du colloque sont disponibles sur le site de l’Institut des Études Avancées de l’Université de Sao Paulo: http://www.iea.usp.br/midiateca/video/videos-2021/por-uma-lei-da-bibliodiversidade-parte-1-de-6-1 )