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Appel dans le cadre du colloque des recherches de l'axe 2 de l'UMR Héritages (écriture et création / recherche création).

Organisatrices : Peggy Pacini et Anne-Marie Petitjean (CY Cergy Paris Université, UMR Héritages)
Lieu : Médiathèque du patrimoine et de la photographie (Charenton-le-Pont, France)
Date : 18-19 septembre 2023
Bornage géographique : aire Amérique et pourtour du Pacifique
Bornage temporel : des années 1960 à la période actuelle
 

Propositions de communications acceptées jusqu’au 15 juillet 2023, à transmettre à Peggy Pacini (CY Cergy Paris Université, France) : peggy.pacini@cyu.fr

Argumentaire de l'appel


Ce colloque s’inscrit dans le cadre des recherches de l'axe 2 de l'UMR Héritages (écriture et création / recherche création) et cherche à mettre en perspective différentes pratiques littéraires, notamment dans le champ de la poésie contemporaine en Amérique et dans le pourtour du Pacifique (The Pacific Rim).
L'UMR profite de la venue du poète nisga'a Jordan Abel pour, au regard de son travail (en particulier son premier volume The Place of Scraps) et de ses recherches, recontextualiser le dialogue entre ethnologie/anthropologie et poésie dans la création, la recherche-création, la production et l'édition littéraire et proposer une réflexion collective sur le dialogue qui peut être engagé entre l’écriture de soi et du monde (la poésie), et les représentations culturelles et la compréhension des cultures (l’ethnologie /l’anthropologie).
Nicolas Adell, Vincent Debaene et Amalia Dragani avaient offert un contexte à ce thème « anthropologie et poésie » dans le numéro 21 de Fabula-LhT, numéro centré sur les anthropologues en prise avec le poétique. Ce colloque ne souhaite pas reproduire ce que ce très bon dossier a déjà mis en lumière, mais prolonger la réflexion en proposant de partir de deux angles d’approches : le premier, les poètes en prise avec l’anthropologie ; le second, l'ethnopoésie, la poésie ethnographique, la poésie de terrain, la poésie anthropologique.
En partant des années 1960, de la naissance de l’ethnopoésie (Tedlock, Hymes, Rothenberg) et de l’importance grandissante de la place des mythes et des cultures amérindiennes (Boas, Lévi-Strauss, Benedict, Kroeber) dans la création poétique (origine, formes, modalités, thèmes), ce colloque s’interrogera, d’une part, sur ce retour au primitif et à l’archaïque dans l’émergence d’une poétique de la relation à l’autre, au monde, chez les poètes non-autochtones issus des avant-gardes et de la contreculture, qui déjà dessinait les contours d’une écopoétique. On se penchera, d’autre part, sur le travail de réappropriation de l’histoire, de la langue et de la culture volée ou réduite au silence par la mise en place des stratégies de compositions (expérimentales) qui visent à décoloniser l’espace culturel et littéraire colonisé, chez les poètes autochtones. À ce titre, une attention particulière sera portée au rôle des travaux de l’ant hropologie culturelle américaine sur la poésie de la contreculture américaine des années 1960, sur le matériau que constituent les travaux des anthropologues issus de ce courant sur l’écriture contemporaine de soi chez les poètes et écrivains autochtones et non-autochtones.
En outre, la poésie des avant-gardes des XXe et XXIe siècles a été/est traversée par une double volonté : rompre avec une tradition poétique tout en faisant dialoguer la poésie (d’un point de vue structurel, conceptuel et linguistique) avec d’autres traditions culturelles ancestrales (orales et symboliques), et, servir de tremplin à des positionnements politiques, identitaires, environnementaux et sociétaux. Les poètes.ses issu.es des minorités contreculturelles et autochtones du continent américain et du pourtour du Pacifique se sont, à partir des années 1960-1970, ré- ou/et approprié.e.s les cultures amérindiennes/autochtones et tribales afin de repenser les cadres et frontières de la poésie (ethnopoésie, écopoétique, poésie anthropologique, poésie de terrain). Ce grand réveil des cultures tribales, que ce soit au sein des minorités autochtones, ou au sein des avant-gardes et de la contreculture, prend diverses formes, mais place toujours en toile de fond un questionnement sur la place de l’homme dans le monde, sur son rapport au temps, à l’espace, à la nature, à la culture, mais aussi au langage et à l'oralité, le poème devenant alors l’incarnation d’une façon d'être au monde ou le récit d'une contre-histoire (niée, effacée, muséifiée, etc.).
Une attention particulière sera aussi portée à 1) la question de regard (interne, externe et liminaire) des poètes, des anthropologues et des poètes-anthropologues /anthropologues-poètes et comment celui-ci informe leur production ; 2) la question de la traduction, de la transcription, de l'oralité, de l’écriture et de la prise de notes ; 3) la question de textes anthropologiques, ou des méthodes ethnographiques (au discours scientifique) comme réflexion, support, matériau de la création poétique (recherche-création).
Que peut-on encore dire une cinquantaine d'années après le retour des tribus, pour reprendre l'appel du Human be-in de San Francisco (1967) et l'émergence de l'ethnopoésie, du dialogue qui s'opère entre poésie et anthropologie ? quelles formes prend-t-il (écopoétique, poésie anthropologique, poésie de terrain, etc.) ?

Ci-après, une liste non exhaustive des pistes de réflexion qui pourraient être abordées :

  • les anthropologues et la disparition, la préservation et la mythification des cultures amérindiennes/indigènes/autochtones
  • les cultures autochtones/indigènes/amérindiennes et leur influence sur une poésie écologique
  • les mythes occidentaux et autochtones : appropriations, transpositions, emprunts, syncrétismes et détournements dans la poésie contemporaine
  • ce que les poètes.ses non issu.es de minorités autochtones/indigènes ont cherché dans les cultures autochtones amérindiennes, ce qu’ils y ont trouvé (mythes, légendes, oralité, symboles, organisation communautaire) et comment cela s’est traduit dans la construction et la structuration d’une poétique qui prend racine dans l’archaïque et le primitif pour élaborer une poétique de la relation au monde (sensible) et à l’autre et pour trouver d'autres formes d'expression poétiques
  • les modes de réappropriation de cultures ancestrales par les poètes.ses issu.es des minorités autochtones : retour, effacement, construction, silence et lacunes
  • la place de l’anthropologie, de l’ethnologie et/ou de l’ethnographie dans ces écritures poétiques et, inversement, la place de la poésie pour les anthropologues : poètes-anthropologues / anthropologues-poètes, écrire une poésie anthropologique / ethnographique
  • quand les poètes s'emparent des outils des ethnologues, quand les anthropologues sont aussi poètes : le poète comme informateur, la poésie comme véhicule, les notes de terrain, etc.
  • éditer et/ou anthologiser la poésie des premières nations : collections, anthologies (défi, contraintes, méthodes)
  • état de la recherche sur l’ethnopoésie — ethnopoésie, ses ramifications, ses mutations. Écopoétique, écologie sonore, écologie des relations, anthropologie de la figuration, anthropologie poétique (antropologia poética), etc.
  • poésie-anthropologie : emprunt, influence, oralité, penser des schèmes universels et les formes du visible
  • comment l'écriture scientifique peut-elle informer le discours poétique ? comment l'écriture poétique s'immisce-t-elle dans le discours scientifique ?
  •  anthropologie et poésie en recherche-création.
Convocatoria de comunicación
Jusqu'au 15 juillet 2023
Organisateurs