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Ce colloque, entièrement en anglais, rassemblera des universitaires autochtones et non-autochtones des Amériques et d’Europe.

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Affiche colloque

Le 2 juin 1924, après de courts débats au Congrès et très peu d’attention portée par le public, le Président Sherman Coolidge promulgua la loi Snyder, aussi connue comme la loi de citoyenneté amérindienne (Indian Citizenship Act, ICA). Elle étendait la citoyenneté états-unienne à tous les Amérindiens, tout en permettant de préserver les citoyennetés tribales, y compris les droits fonciers. Contrairement aux moutures précédentes, la version finale du texte garantissait que les droits tribaux ne seraient pas affectés. Cette loi ne rendait plus la citoyenneté dépendante du lieu de résidence ou de la possession de terres. Bien que la naturalisation générale octroyée par l’ICA en 1924 puisse être considérée comme une législation correctrice de mesures exclusives en vigueur jusque-là, pour les Amérindiens, la citoyenneté états-unienne était une extension de pratiques coloniales, le remplacement d’un statut civique par un autre – de « nation intérieure dépendante », à pupille, à citoyen – et le reflet d’une ambivalence coloniale américaine vis-à-vis des peuples autochtones. La citoyenneté états-unienne offrait la façade d’une inclusion uniforme et d’une identité civique qui allaient à l’encontre de nombreuses valeurs tribales et allégeances politiques. Néanmoins, l’ICA ne mit pas un terme au statut de tutelle ; au mieux, elle étendait la dépendance fédérale sous le terme générique de citoyenneté universelle. Bien que la citoyenneté ait reçu un soutien significatif de la part de certains Amérindiens, l’ICA a aussi rencontré de la résistance chez d’autres, et des protestations à travers le pays. Certaines nations amérindiennes rejetaient le principe de double citoyenneté. Le chef tuscarora Clinton Rickard considérait l’ICA comme « une violation de notre souveraineté », et ajoutait « Notre citoyenneté réside en nos nations ». D’autres communautés amérindiennes utilisèrent les privilèges offerts par la citoyenneté états-unienne de façon stratégique pour affirmer leur indigénéité.

Au centenaire de l’ICA, une question principale se pose : Que recouvre la notion de citoyenneté pour les peuples autochtones ? Ce colloque rassemble des historiens, des juristes, des sociologues, des politistes, des chercheurs en littérature et en arts pour une réflexion pluridisciplinaire et interdisciplinaire qui prendra comme point de départ de cette réflexion l’ICA 100 après, pour l’élargir sur la citoyenneté dans le monde autochtone au-delà des frontières états-uniennes pour une étude comparatiste avec le Canada, l’Amérique latine, et l’Océanie. Les analyses porteront sur le passé, le présent et l’avenir des notions de citoyenneté et de souveraineté des peuples autochtones. Outre la question fondamentale posée plus haut, les questions suivantes y seront abordées : Comment les nations autochtones négocient et représentent les multiples formes d’appartenance et de citoyenneté, et à travers quels types de discours ? Comment les artistes et auteurs autochtones représentent la citoyenneté ? Quel est le rôle de l’ICA dans l’articulation entre appartenances raciale, politique et sociale dans le contexte d’une nation de citoyenneté coloniale ? Quel impact a l’ICA a-t-il sur les nations coloniales et les peuples autochtones au-delà des frontières états-uniennes ? Comment les diverses conceptions de la citoyenneté permettent d’imaginer l’avenir des peuples autochtones ?

 

Plus d'informations :

Colloque
du 19 au 22 juin 2024
Avec le concours de l'IdA
Université Bordeaux Montaigne
Aire géographique
Organisateurs